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FIGARO.FR
Culture
La soprano Edwige Bourdy s'envole
Edwige Bourdy dans un spectacle drôle et émouvant.
AVIGNON
(OFF)
Elle est « L'Oiseau rare » imaginé par Yves Coudray et Caroline Loeb.
Sur
scène, elle paraît 20 ans. Mais elle en a un peu plus : son fils
Quentin, 18 ans, vient d'avoir son bac. Edwige Bourdy n'est pas une
inconnue. Et c'est du côté du lyrique que critiques et amateurs
connaissent cette jolie femme, fine et vive. Un regard chaud, un grand
sourire, un visage bien architecturé, une très légère pointe d'accent
qui rappelle qu'elle est née et a grandi à Villefranche-de-Rouergue.
« À quatre ans, j'étais sur les planches ! », confie-t-elle
aujourd'hui, presque étonnée par l'accueil du public qui l'applaudit
debout à l'issue de L'Oiseau rare. Elle est accompagnée au piano
par l'épatant Gilles Baissette qui signe les arrangements.
« Comme certains enfants, j'avais une voix juste. J'aimais
instinctivement le spectacle. Mes parents tenaient un restaurant et j'ai
appris là à aimer le contact avec le public. J'ai reçu un premier prix
lors d'un petit concours. Étienne Bourès, ancien répétiteur à Mogador,
m'a donné mes premières leçons de piano et m'a appris à aimer tous les
styles. J'ai fait de la danse, pris des cours de chant avec Berthe
Monmart, et à 19 ans, juste après mon bac, j'ai intégré le conservatoire
de Toulouse. » Et là, gourmande, elle glisse : « C'est là que le
virus m'a prise... »
Une
grande actrice
Elle
passe ensuite au conservatoire de Marseille puis intègre l'école d'art
lyrique de l'Opéra de Paris. Ses copains de classe sont Roberto Alagna
et Natalie Dessay. Simone Féjard chef de chant, la marque. Elle connaît
ses premiers engagements dans des productions prestigieuses. Chefs et
metteurs en scène apprécient son tempérament, sa forte présence en
scène. Gardiner ou Jacobs, Martinoty ou Lavelli et puis aussi Mireille
Larroche. « J'aime beaucoup le travail à la Péniche Opéra et j'aime
aussi tous les styles, du baroque au contemporain. » Sans renoncer
en rien au grand art lyrique, cette soprano qui est aussi une grande
actrice a notamment joué avec bonheur quinze rôles dans La Belle
lurette de Vincent Bouchot et ses Cantates de bistrot d'après
Gourio. À Avignon, off, à la Mirande puis au Bourg-Neuf, elle a chanté
Marie Dubas. Cet été, Yves Coudray a écrit pour elle L'Oiseau rare,
histoire d'une chanteuse qui passe une audition. Caroline Loeb la met en
scène avec finesse et malice. C'est éblouissant, drôle et émouvant. Elle
est époustouflante et donc à découvrir d'urgence !
Eric Manas /
LDD
LES
TROIS COUPS
L’Oiseau Rare : Un
arc-en-ciel d’émotions
Les tracts, cette fois-ci, disaient la vérité : dans cette jolie salle
de La Luna-Buffon nichait bien un oiseau rare. Oiseau dont j’avais
découvert son ancienne cachette, l’année dernière, au Théâtre du
Bourg-Neuf dans « Marie Dubas de haut en bas ». En fait, ce bel oiseau
chatoyant se révèle carrément exceptionnel. L’histoire est simple et
efficace. Car la dramaturgie, remarquable travail de Caroline Loeb et
d’Yves Coudray existe : ce n’est pas un simple tour de chant.
Arlette (Edwige Bourdy) doit auditionner ce soir devant un grand
producteur.
Elle a besoin de décrocher ce contrat, Arlette. Elle est sans boulot,
donc sans argent. Elle galère sec, quoi. Et, apparemment, depuis
longtemps. Parce qu’elle a pas de talent ? Oh, non !
Plutôt parce qu’elle a une grande gueule et que, sa formidable franchise
aidant, elle y met pas les formes. C’est une pipelette de ses
enthousiasmes ou de ses déceptions, cette femme-là. Forcément, dans ce
monde de faux-culs, ça agace. Bref, c’est un peu son quitte ou double, à
Arlette. Edwige Bourdy maîtrise ce spectacle taillé à sa démesure de
bout en bout. Elle s’ébroue dans cet hommage au music-hall et à la
comédie musicale comme un poisson dans l’eau. Cette soprano lyrique fait
feu de mille voix, embrase le répertoire, brûle le plateau et chauffe le
public. Elle dompte la scène du fouet de son charme. Immense. Et elle
séduit autant par son sens de l’humour que par la tendresse de son cœur.
Elle est capable de nous faire pleurer en racontant, par exemple, le
marathon humiliant des auditions ratées, qui poissent toute la peau
d’amertume. Mais elle est tout aussi capable de nous faire rire. Car
elle a l’humour tatoué sur l’épiderme. C’est un arc-en-ciel d’émotions,
la Bourdy. La scène de théâtre, c’est là qu’elle est née.
La mise en scène, la direction d’acteur et les lumières de Caroline Loeb
ont l’intelligence suprême de coudre à la main un écrin moelleux et
solide au bijou Edwige Bourdy, qui peut briller ainsi de tout son éclat.
Vincent Cambier
– LES TROIS
COUPS |
Le
Monde :
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RUE
DU THEATRE
L’Oiseau
rare
- Talent rare
Jonglant des émotions comme des situations, Edwige Bourdy étourdit la
scène. Et offre à son public un surprenant spectacle de music hall où
strass et paillettes sont remplacés par les larmes et le rire. Simple et
éblouissante.
Arlette a la scène dans le sang, le chant dans le cœur et du talent à
revendre. Mais Arlette n’a pas de chance et à l’éprouvant exercice des
auditions, personne n’a jamais voulu lui en laisser une. Ni grande, ni
petite. Et les « merci, mademoiselle, on vous rappellera » ou autres «
au suivant ! » ont presque eu raison de ses rêves. Presque seulement. Et
cet après-midi, elle s’offre une dernière chance. La toute dernière…
Mais le producteur tarde à arriver. Alors, en l’attendant, de rêves en
confidences, elle se livre au pianiste du lieu. Lui contant la valse de
ses auditions, elle lui offre la magie de son éventail de talents.
Et Edwige Bourdy est éblouissante dans ce
rôle de femme drôle et fragile, virtuose et chancelante. Un rôle taillé
à son incomparable mesure, qui lui va, forcément, comme un gant.
Maitrisant parfaitement la technique vocale, la comédienne excelle aussi
bien dans le répertoire classique que dans la variété. Et dans l’art de
la comédie. Edwige Bourdy, c’est une comédie musicale à elle toute
seule. Elle chante à vous donner le frisson, raconte la vie d’Arlette
comme si elle parlait de la sienne. Et qu’importent que les mots soient
ceux d’Aznavour, les siens ou ceux de Yves Coudray. Ils sont siens.
Adorable en Betty Boop, désopilante en Catherine Ringer et Madonna ou
émouvante à en pleurer en Dalida. LA Bourdy démonte la mécanique d’un
show-biz broyeur de talent et en fait un bouquet d’émotions qu’elle
offre en toute simplicité à son public. Notamment grâce à la musicale
complicité de Gilles Baissette. Pour un spectacle qu’ils tissent tous
deux avec talent. Du rire aux larmes et des larmes au rire.
Enivrant...
Karine PROST
www.ruedutheatre.info

THEATROTHEQUE
Arlette a du talent... beaucoup. Arlette a des envies... beaucoup.
Arlette n’a pas de boulot... du tout.
Arlette, une jeune artiste chanteuse provinciale, se rend à une
énième audition, sans plus y croire, et se confie au pianiste en
attendant le producteur. Se noue alors entre les deux personnages une
complicité qui va amener Arlette à ouvrir son cœur et montrer sans s’en
rendre compte la plus belle palette de son répertoire : du Mariage de
Figaro à Funny Girl, en passant par Marilyn Monrœ ou les Rita
Mitsouko.
Quand
une géniale "touche à tout", chanteuse, metteur en scène, comédienne
(Caroline Lœb) et une étonnante soprano aux multiples facettes (Edwige
Bourdy) se rencontrent, elles nous offrent un magnifique hommage au
music-hall et à la comédie musicale. Un délicieux break musical entre
deux pièces de théâtre en Avignon
Samuel Guillemin |